L'investissement d’impact : générer un rendement et des retombées positives

De plus en plus d’investisseurs cherchent à obtenir quelque chose de plus qu’un rendement financier sur leurs investissements. Ils reconnaissent le rôle important qu’ils peuvent jouer en s’attaquant à certains problèmes de la société. Ils examinent des entreprises rentables qui effectuent en même temps de bonnes actions pour leur communauté, l’environnement et la société en général.

Selon le Global Impact Investing Network (GIIN), le marché pour le capital d’impact devrait croître dans la prochaine décennie pour atteindre 2 billions de dollars, soit 1 % des investissements mondiauxi. Bien que la dynamique autour de l’investissement d’impact continue de croître, il n’existe pas de définition exacte sur l’investissement d’impact. Le présent article expose brièvement le point de vue d’Addenda Capital sur l’investissement d’impact : sa définition, les défis à relever, les produits que l’on peut utiliser ainsi que des exemples.

 

Qu'est-ce qu'est l'investissement d'impact?

Addenda Capital défini l’investissement d'impact comme étant une approche de placements visant à générer intentionnellement à la fois un rendement financier et des retombées positives sur le plan social et/ou environnemental, et dont les effets sont activement et adéquatement mesurés. L’investissement d’impact n’est pas de la philanthropie et il ne s’agit pas d’une catégorie d’actif en soi. C’est une méthode qui permet d’obtenir des retombées positives sur le plan social tout en procurant un rendement financier. Les produits ou les résultats d’impact doivent être mesurés, suivis et communiqués afin d’être considérés un investissement d’impact. En outre, l’intention de générer cet impact doit être aussi un facteur important qui fait partie de la décision d’investissement de l’investisseur.

L’investissement d’impact va plus loin que l’investissement durable qui est une stratégie d’investissement qui intègre les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à long terme dans la prise de décision des placements et d’actionnariat avec l’objectif d’atteindre des rendements financiers ajustés aux risques supérieurs. Les facteurs ESG tels que les changements climatiques, la biodiversité, la pollution de l’air et de l’eau, les pots-de-vin et la corruption ou la rémunération des dirigeants sont des éléments importants qui doivent être intégrés dans le processus décisionnel en matière de placements car ils peuvent avoir un impact substantiel sur les rendements. L’inclusion d’une bonne analyse des résultats de ces facteurs donne lieu à une évaluation plus complète sur les placements potentiels.

Les principales différences entre l’investissement durable et l’investissement d’impact sont l’intention et la mesurabilité. Les placements d’Addenda Capital dans toutes les catégories d’actif sont effectués en tenant compte des risques et des occasions ESG. Un résumé de la gamme de déploiement du capital, à partir des placements traditionnels sans égard pour les facteurs ESG jusqu’à la pure philanthropie est indiqué au tableau 1 ci-dessous. Lorsqu’il s’agit de l’investissement d’impact, Addenda Capital accorde une attention particulière à l’obtention d’un rendement financier supérieur à celui du marché – pour la catégorie d’actif de ce placement – plutôt qu’un rendement inférieur à celui du marché que certains investisseurs d’impact acceptent. Nous croyons qu’un impact élevé et des rendements compétitifs ne sont pas mutuellement exclusifs. Nous recherchons donc des placements qui procurent un impact mesurable sans pour autant sacrifier le rendement.

 

Tableau 1 : Gamme de déploiement du capital

 

Transformer les besoins en occasions

Les problèmes les plus difficiles de la société ne se limitent pas à un secteur particulier. Du capital de risque dans les technologies propres aux hypothèques commerciales pour les développements de logements abordables, les occasions d’investissements d’impact couvrent plusieurs thèmes réalisables. Tandis qu’il existe un nombre incalculable de façons d’examiner les diverses occasions d’impact, nous avons défini chez Addenda Capital trois grands secteurs d’intérêt en ce qui concerne la qualité potentielle de l’impact et la quantité de placement disponible.

L'atténuation et l’adaptation au changement climatique

L’Agence internationale de l’énergie a récemment mis à jour ses perspectives sur les investissements mondiaux en énergie et a constaté que les dépenses totales requises pour faire face à la demande mondiale d’énergie serait de 48 billions de dollars américainsii. Ils ont aussi examiné les coûts requis pour faire face à la demande mondiale d’énergie tout en atteignant les réductions d’émissions consensuelles qui résulteraient en un réchauffement mondial n’excédant pas 2°C de plus que les niveaux préindustriels. Les investissements dans ce cas augmenteraient pour atteindre 54 billions de dollars américains, desquels 14 billions de dollars américains seraient attribués uniquement aux efforts en matière d’efficacité énergétique. Le gouvernement fédéral a fixé comme objectif que 90 % de l’électricité au Canada proviendrait de sources à zéro émission d’ici 2020iii.

La santé et le mieux-être

Les dépenses en santé au Canada continuent d’augmenter et l’on estime qu’elles atteindront 219,1 milliards de dollars en 2015iv. Dans une récente publication, la Commission de la santé mentale du Canada a constaté que les problèmes de santé mentale coûtent à l’économie canadienne 50 milliards de dollars par an. Cette publication était basée sur deux différentes études universitaires qui sont arrivées à des chiffres similairesv. Ce chiffre était approximativement de 42,3 milliards de dollars en 2001 et si aucune mesure concrète ne se matérialise, le coût s’élèverait à 2,5 billions de dollars au cours des 30 prochaines années. Il existe aussi un grand besoin de logements abordables. Le Canada à lui seul aurait besoin de plus d’un million d’unités de logements abordables et supervisésvi. Avec un coût moyen de 200 000 $ par unitévii, il faudrait plus de 200 milliards de dollars pour combler ce besoin.

L’alimentation, l’agriculture et les ressources naturelles

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a constaté qu’une quantité croissante de terre arable est en train de devenir ou est déjà dégradée. L’Organisation a estimé que 25 % des terres arables se trouvent dans cette catégorieviii et que malgré les améliorations significatives en matière de rendement des récoltes – qui ont connu une plus grande croissance que l’utilisation de la terre – l’efficacité de l’utilisation de la terre est en voie de diminution, ce qui pourrait avoir des effets négatifs sur l’environnement et sur l’utilisation future de la terre. Par exemple, les pâturages à travers le monde ont le potentiel de saisir jusqu’à 2 000 mégatonnes de dioxyde de carbone, mais l’utilisation actuelle de ces terres est une entrave à ce potentiel. En 2012, 58 % des canadiens ont indiqué qu’ils achetaient hebdomadairement des produits biologiques à l’épicerieix.

 

La structure des produits d’investissement d’impact

Dans la plupart des décisions de placement, il existe un choix fondamental entre les investissements directs dans une entreprise ou dans une affaire et l’investissement par le biais d’un fonds administré. Le compromis habituel entre les deux approches s’applique aussi à l’investissement d’impact. Dans le cas des fonds, il y a un niveau supplémentaire de vérification au préalable et des honoraires que charge le fonds. Cependant ce choix a l’avantage de permettre une plus grande contribution de capital et une diversification accrue à l’intérieur de la stratégie d’un fonds spécifique. L’investissement direct permet d’éviter de payer ces honoraires supplémentaires, mais les opérations de petite taille continuent d’être un facteur contraignant qui limite la prise d’une position importante en investissement d’impact un portefeuille. Les diverses structures de produits d’investissement d’impact sont résumées à la page suivante avec des exemples.

 

Tableau 2 : Structures d’investissement d’impact

Direct

Procurer du capital directement à une organisation qui aurait un impact environnemental et social positif et qui procurerait un taux de rendement du marché

Les exemples comprennent :

  • Les obligations vertes sont des titres qui financent des projets environnementaux et liés au climat
  • Les hypothèques pour les coopératives et les organismes à buts non-lucratifs

Fond

Procurer du capital à un gestionnaire de fonds expérimenté en matière d’investissement dans des organisations ayant un impact environnemental et social positif

Les exemples comprennent :

  • Des fonds de placements privés qui investissent dans l’alimentation durable
  • Des fonds de capital de risque qui investissent dans des sociétés propres à impact élevé dans le secteur de la technologie à un stade précoce

Fonds de Fonds

Procurer du capital à un gestionnaire de fonds de fonds expérimenté en matière d’investissement dans des organisations ayant un impact environnemental et social positif

Les exemples comprennent :

  • Un fonds de fonds dans le marché privé qui investirait dans 10 à 30 fonds de marché privé hors cote mettant l’accent sur les occasions durables

 

Mise à l’avant de l’investissement d’impact : les obligations vertes de l’Ontario

Le 2 octobre 2004, l’Ontario a lancé avec succès un programme d’obligations vertes. Il s’agissait d’une émission inaugurale d’obligations mondiale de 500 millions de dollars canadiens, faisant de l’Ontario le premier gouvernement provincial au Canada à émettre des obligations vertes. Les obligations vertes de l’Ontario sont utilisées pour financer des projets provinciaux favorables à l’environnement (surtout en infrastructure) qui atténuent ou aident à l’adaptation des effets des changements climatiques. Des projets dans les secteurs suivants sont généralement considérés éligibles :

  1. Le transport propre – par exemple, le financement de projets de transport public
  2. L’efficacité énergétique et la conservation – par exemple, l’amélioration de l’efficacité énergétique des immeubles du secteur public
  3. L’énergie et la technologie propre – par exemple, une infrastructure de réseau intelligente et le stockage de l’énergie
  4. La gestion de la forêt, de l’agriculture et de la terre – par exemple, la gestion durable des forêts
  5. L’adaptation au climat et la résilience – par exemple, la protection contre les inondations et la gestion des eaux pluviales

Le produit de la première émission d’obligations vertes de l’Ontario est utilisé pour élargir le réseau de transport public à Toronto avec le projet de construction de l’expansion de l’Eglinton Crosstown LRT. Les véhicules Crosstown LRT seront électriques avec des émissions presque nulles. L’installation de l’Eglinton Maintenance and Storage vise l’obtention de la cote argent, le niveau de certification du programme des bâtiments écologiques LEED®.

Les avantages environnementaux prévus pour le projet Crosstown LRT comprennentx :

  • Une réduction de 490 000 tonnes d’émissions de CO2 d’ici 2031
  • Des économies de temps pour les usagers du système de transport de l’ordre de 810 millions de dollars canadiens d’ici 2031
  • Des économies de temps pour les usagers de l’automobile de l’ordre de 103 millions de dollars canadiens d’ici 2031
  • Des économies de coûts d’exploitation de l’automobile de l’ordre de 97 millions de dollars canadiens
  • Le nombre de passagers prévu est de 5 400 par heure dans le sens de la circulation de pointe d’ici 2031

 

L’investissement d’impact à l’avant-scène : programme de soutien Logement d’abord

En 2012, la province de l’Alberta a mis sur pied un programme qui procure aux personnes sans abri un logement permanent. Ce programme avait pour but de rendre ces personnes éventuellement autonomes. Des études ont démontré que de faire sortir de la rue les personnes sans-abri et en leur offrant une adresse permanente les aiderait à se qualifier pour obtenir de l’aide gouvernementale. À long terme, ce programme coûte bien moins cher que les coûts associés aux urgences, aux abris et aux services hospitaliers pour les personnes sans abri. Le programme exigeait en outre qu’il ne pourrait y avoir plus d’une de ces unités à l’intérieur d’un projet afin d’éviter de créer un ghetto et de procurer un environnement positif pour le locataire/client.

Addenda Capital s’est vue approché par un gestionnaire et un investisseur immobilier avec lesquels Addenda Capital avait collaboré au cours des 20 dernières années. Ils avaient besoin d’un prêteur qui serait disposé à consentir des prêts hypothécaires sur plusieurs unités dans la ville. Les loyers sont payés par le gouvernement provincial si un locataire/client est disponible, et si ce n’est pas le cas, le prêteur peut louer l’unité à un locataire au prix du marché. L’impact de ce placement est mesuré par le nombre d’unités occupées par les participants de ce programme, en excluant les unités louées à un locataire au prix du marché dans le cas où un participant au programme ne serait pas disponible.

 

Avoir un impact

Tandis qu’il peut sembler des fois que la société connait un nombre croissant de défis environnementaux et sociaux, plusieurs de ces défis offrent des occasions d’investir dans des entreprises qui tentent de résoudre ces problèmes tout en obtenant un rendement financier. La création de valeur financière et de valeur sociale ne doivent pas forcément s’exclure mutuellement. Il est non seulement possible, mais il est aussi important d’investir dans des sociétés rentables et qui font une différence.

iJ.P. Morgan, the GIIN. “Eyes on the Horizon: The Impact Investor Survey” (2015)
iiAgence internationale de l’énergie. “World Energy Investment Outlook” (2014)
iiiEnvironnement Canada. “Planifier un avenir durable - Stratégie fédérale de développement durable pour le Canada” (2010)
ivInstitut canadien d’information sur la santé. “Tendances des dépenses nationales de santé, 1975 à 2015” (2015)
vCommission de la santé mentale du Canada. “La nécessité d’investir dans la santé mentale au Canada” (2013)
viRBC Social Finance. “Financing Social Good: A Primer on Impact Investing in Canada” (2014)
viiNelles, H. & Spence, A. “Blended Financing for Impact: Opportunity for Social Finance in Supportive Housing” (2013)
viiiL’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. “The State of the World’s Land and Water Resources for Food and Agriculture” (2011)
ixEnvironnement Canada. “Planifier un avenir durable - Stratégie fédérale de développement durable pour le Canada” (2010)
xOntario Financing Authority. “Ontario Green Bond Newsletter” (2015)

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