Les banques centrales du Canada et des États-Unis ont annoncé leurs décisions respectives concernant les taux directeurs mercredi. Sans grande surprise, la Banque du Canada (BdC) a réduit son taux de 25 points de base supplémentaires, le ramenant à 3 %. De l’autre côté de la frontière, la Réserve fédérale américaine (Fed) a fait fi des pressions du président Trump en faveur d’une révision à la baisse, choisissant plutôt de maintenir son taux à 4,25 %.

La BdC met fin à ses mesures de resserrement quantitatif

La banque centrale canadienne explique sa récente décision par l’incertitude considérable reflétée dans son Rapport sur la politique monétaire. L’introduction potentielle tarifs douaniers par les États-Unis est notamment à l’origine de ses préoccupations. Lors d’une conférence de presse, Carolyn Rogers, première sous-gouverneure de la BdC, a déclaré : « La possibilité d’un conflit commercial résultant de l’imposition de nouveaux tarifs douaniers américains sur les exportations canadiennes pourrait avoir une incidence considérable sur l’économie canadienne, ce qui obscurcit les perspectives. »

Voici quelques observations formulées par la BdC dans son plus récent rapport sur la politique monétaire : 

• L’économie canadienne a moins progressé que prévu au troisième trimestre de 2024. 

• L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a oscillé autour de 2 % au cours des derniers mois. 

• La croissance de la demande intérieure finale a atteint environ 3,5 % au quatrième trimestre. 

• Les projections de croissance du PIB ont été réduites à 1,8 %.

Le contenu du rapport semble être teinté par une sélection subjective des données sur la croissance des salaires. Il semble que les données mises en évidence par la BdC ne tiennent pas compte de la dynamique récente de l’inflation ni de la différence notable entre le nombre total d’heures travaillées de 1,4 % en 2024 et l’hypothèse de 3,0 % utilisée par la Banque pour calculer la croissance potentielle de la production.

Par ailleurs, l’inflation au Canada s’est accélérée à un point tel que les mesures annualisées sur trois mois dépassent considérablement 3,0 %, ce qui correspond à la limite supérieure de la fourchette cible. Nous comprenons tout à fait que les taux annualisés sur trois mois puissent être plus volatils que les taux en glissement annuel. En revanche, lorsque l’inflation est maîtrisée, elle évolue au-dessus et en dessous de l’objectif de 2,0 %. Le pourcentage actuel de 3,5 % implique que cette mesure doit diminuer très rapidement à 0,5 % pour éviter une dynamique reflationniste des taux de croissance en glissement annuel au cours des prochains mois.

D’un point de vue purement mathématique, un taux d’inflation annualisé sur trois mois durablement plus élevé constitue un indicateur avancé d’un taux de croissance en glissement annuel, et l’écart actuel entre ces mesures s’élève à 1,5 point de pourcentage, ce qui est considérable. Malgré une hausse inquiétante de l’inflation à court terme, la Banque du Canada semble plus préoccupée par la menace de l’incertitude tarifaire qui pèse sur le PIB réel.

La Fed tient tête à Trump

La banque centrale américaine a justifié sa décision de maintenir son taux directeur en invoquant la stabilisation du taux de chômage au cours des derniers mois et la vigueur du marché de l’emploi. Elle note toutefois que le FOMC surveille de près les risques qui pèsent sur les deux aspects de son double mandat, dans un contexte d’incertitude quant aux perspectives économiques.

Lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce relative à la politique monétaire, le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré « qu’il n’y a pas lieu d’être pressé d’ajuster notre politique » et que la politique monétaire est « bien positionnée » pour relever les défis qui se profilent à l’horizon.

La décision de la Fed n’était pas assortie d’une mise à jour de ses prévisions économiques. Voici quelques observations formulées par le FOMC lors d’un point de presse : 

  • La Fed a réduit son taux directeur d’un point de pourcentage au total lors de ses trois dernières réunions. 

  • Les chiffres de l’inflation demeurent supérieurs à l’objectif de 2 % de la banque centrale. 

  • En décembre, 256 000 emplois ont été créés au sein de l’économie. 

  • Le FOMC prévoyait deux baisses de taux d’intérêt pour 2025 en décembre. 


Comme l’a déclaré aujourd’hui le président de la Fed, « nous examinons les données relatives à l’inflation de base parce qu’elles constituent un meilleur indicateur de l’inflation à venir ». C’est précisément ce qui est prescrit par le principe de causalité. Ce n’est pas le total des dépenses de consommation des ménages (DCM) qui est à l’origine de l’inflation de base, mais plutôt le total des DCM qui converge vers l’inflation de base. Il en a toujours été ainsi, et c’est pourquoi les analyses économétriques ont recours à l’inflation de base plutôt qu’à l’inflation totale. Il n’y a rien à extraire d’un taux d’inflation en glissement annuel pour l’énergie ou les produits alimentaires qui permettrait de prévoir l’inflation de base.

Notons également que la position de Donald Trump en matière de tarifs douaniers suscite une vive incertitude en matière d’inflation. Néanmoins, si la tendance de l’inflation s’améliore et que l’incertitude concernant les tarifs douaniers diminue, ce scénario pourrait s’avérer favorable pour les investissements obligataires au cours de l’année. Si nous assistons à une désinflation dans un proche avenir, la Fed continuera certainement à assouplir sa politique.

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