Date de publication : 13 décembre 2024
Comme anticipé par les observateurs du marché, la Banque du Canada (BdC) a annoncé une nouvelle réduction de 50 points de base de son taux directeur mercredi, le ramenant ainsi à 3,25 %. Il s’agit de la deuxième baisse consécutive d’un demi-point de pourcentage depuis octobre. Au cours des six derniers mois, la BdC a réduit ses taux de 1,75 point de base au total.
La banque centrale canadienne explique sa décision par le constat que l’économie se trouve dans une situation d’offre excédentaire et par l’observation d’indicateurs récents pointant vers une croissance plus faible qu’anticipée. Lors d’un point de presse, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré : « Nous envisageons d’adopter une approche plus graduelle en matière de politique monétaire si l’économie évolue comme prévu ».
Voici quelques observations formulées par la Banque du Canada dans le communiqué de presse publié à la suite de sa décision du 11 décembre :
• L’économie canadienne a progressé de 1 % au troisième trimestre
• L’inflation de l’IPC s’est maintenue autour de 2 % depuis l’été
• La croissance du PIB au troisième trimestre a été freinée par les investissements des entreprises, les stocks et les exportations
• Le taux de chômage a atteint 6,8 % en novembre
• Le dollar canadien a chuté en raison de la vigueur générale du dollar américain
À la lumière de ces constats, il convient de noter que la BdC n’a jamais abaissé son taux directeur aussi rapidement en dehors d’une période de récession ou d’un important choc sur les termes de l’échange. L’allègement fiscal temporaire du gouvernement fédéral devrait retarder la reflation au Canada d’environ un mois au cours de l’année prochaine, mais la suite demeure incertaine. Ce rythme de baisse des taux semble trop rapide pour éliminer complètement le risque de reflation, étant donné la piètre performance de l’économie canadienne en matière de productivité.
La BdC semble également supposer qu’un certain écart sur le marché du travail causé par une augmentation de l’offre de main-d’œuvre a la même incidence que des suppressions d’emplois dans l’économie. Un fort afflux de travailleurs sur le marché du travail entraînera évidemment une hausse du taux de chômage. En revanche, une baisse trop agressive du taux directeur est peu susceptible de faire baisser rapidement le taux de chômage. Seul le temps permettra à ces nouveaux chercheurs d’emploi d’intégrer le marché du travail.
En justifiant ses réductions par l’assouplissement du marché du travail et l’offre excédentaire, tout en ignorant les changements structurels de la croissance démographique, la Banque du Canada expose sa politique à des erreurs qui pourraient accroître les risques de reflation.