À l’issue d’une décision qualifiée de « délicate », la Banque du Canada (BdC) a annoncé qu’elle maintenait son taux directeur à son niveau actuel. La banque centrale avait également préconisé le statu quo lors de sa dernière réunion, après sept baisses consécutives des taux d’intérêt. 

Depuis la publication du Rapport sur la politique monétaire en avril, l’administration Trump a continué d’infléchir ses différents tarifs douaniers. Le Conseil de direction a donc dû faire un choix entre une baisse préventive de son taux directeur pour soutenir l’économie face aux tarifs douaniers américains et le maintien du taux pour se faire une idée plus précise de l’incidence de la guerre commerciale. 

Lors d’un point de presse, le gouverneur Tiff Macklem a justifié la décision de la banque centrale par le modeste affaiblissement de l’économie canadienne et la récente poussée de l’inflation, qui a dépassé les attentes. « Compte tenu de l’incertitude inhabituelle, la Banque procède avec prudence, en accordant une attention particulière aux risques », a-t-il expliqué. Le communiqué de presse précise également que la Banque « va continuer d’analyser l’évolution et la force des pressions sur l’inflation – celles à la baisse dues à l’affaiblissement de l’économie et celles à la hausse découlant de la montée des coûts. » 

Voici quelques observations formulées par la Banque du Canada à la suite de sa décision du 4 juin : 

  • L’économie a progressé de 2,2 % au premier trimestre, ce qui est légèrement supérieur aux prévisions de la Banque. 

  • Le marché du travail s’est affaibli et le taux de chômage a atteint 6,9 %. 

  • Telle que mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), l’inflation a fléchi à 1,7 % en avril. 

  • Abstraction faite des taxes, l’inflation a augmenté de 2,3 %, ce qui est légèrement supérieur aux prévisions de la Banque. 

  • L’activité dans le marché du logement s’est contractée, les reventes ayant chuté de manière considérable, tandis que les dépenses publiques ont également diminué. 

La Banque semble reconnaître les signes de reflation de l’économie canadienne, comme en témoigne sa mention d’une fermeté « inattendue » des récentes données sur l’inflation. Néanmoins, cette tendance résulte très probablement d’une faible croissance de la productivité et d’une croissance excessive des salaires nominaux, compte tenu de la combinaison de faibles résultats en matière de productivité et d’un assouplissement excessif de la politique monétaire. Il en a résulté une reflation, qui s’est clairement manifestée dans les données. 

Nous avons longtemps soutenu que l’estimation de la Banque concernant l’offre excédentaire au sein de l’économie reposait sur une mauvaise calibration du choc démographique pour le nombre d’heures totales travaillées. La Banque a clairement reconnu la nécessité de voir au-delà de la désinflation totale de l’IPC, qui a été faussée par un choc de prix relatif résultant de la taxe sur le carbone et des variations négatives des prix de l’énergie d’une année sur l’autre. 

Par ailleurs, la Banque n’a pas accordé trop d’importance à la faiblesse récente du marché du travail. Compte tenu des données récentes reflétant un choc très spécifique qui n’a pas eu d’incidence sur le marché du travail canadien, cette position semblait appropriée. 

Le communiqué de presse, l’analyse de la Banque et la séance de questions-réponses ne font pas mention du taux directeur actuel par rapport à l’estimation à long terme. Nous aurions souhaité que la banque centrale explique pourquoi l’inflation a créé une « surprise à la hausse ». Ces résultats semblent découler d’une baisse trop rapide et trop brutale des taux directeurs alors que la croissance des salaires nominaux était élevée et que la croissance de la productivité restait très faible. Depuis lors, les entreprises canadiennes ont tenté d’aligner la croissance des salaires réels sur celle de la productivité, ce qui a aidé la Banque à atteindre un meilleur équilibre pour parvenir à la stabilité des prix. 

La quête constante de
valeur ajoutée
addendacapital.com
© Addenda Capital inc., 2025. Tous droits réservés. Toute reproduction de ce document est interdite sans autorisation préalable.