À la suite d’une série de sept baisses consécutives et dans un contexte de tensions commerciales persistantes, la Banque du Canada (BoC) a annoncé mercredi qu’elle maintenait son taux directeur à 2,75 %. 

Dans un communiqué de presse, la banque centrale a expliqué que le changement majeur d’orientation de la politique commerciale américaine et l’imprévisibilité entourant les droits de douane ont accru l’incertitude, assombri les perspectives de croissance économique et exacerbé les anticipations inflationnistes. « Compte tenu de l’incertitude généralisée, il est extrêmement difficile de projeter la croissance du produit intérieur brut et l’inflation au Canada et dans le monde », a averti le gouverneur Tiff Macklem en conférence de presse.  

C’est dans ce contexte que le plus récent Rapport sur la politique monétaire explore deux scénarios présentant des évolutions possibles de la politique commerciale américaine. 

Dans le premier scénario, l’incertitude est élevée, mais la portée des tarifs douaniers reste limitée, ce qui fait en sorte que la croissance au Canada « ralentit temporairement et que l’inflation reste autour de la cible de 2 % ». Dans le deuxième scénario, une guerre commerciale persistant plonge l’économie canadienne dans une récession au cours de l’année et l’inflation dépasse temporairement les 3 % en 2026. 

La banque centrale a clairement souligné l’incertitude entourant ces prévisions, déclarant en première page de son Rapport sur la politique monétaire que le contexte actuel « rend les perspectives économiques très incertaines ». Il convient toutefois de noter que les scénarios de récession fondés sur l’incertitude relèvent souvent de la spéculation. En réalité, l’argent des ménages a une incidence beaucoup plus importante. De ce fait, l’ampleur des tarifs que les consommateurs devront finalement absorber déterminera si nous entrons ou non en récession. 

En désignant l’incertitude comme le facteur déterminant dans ses scénarios, la Banque du Canada ne perçoit pas la faible croissance de la productivité et la forte croissance des salaires réels comme un mauvais point de départ en ce qui a trait à l’inflation. La trajectoire de l’inflation qu’elle décrit semble également faussée par la très lente réaction des entreprises à répercuter les hausses de prix sur les consommateurs. La Banque s’attend à ce que l’inflation soit plus élevée en période de récession.  

Ce qui surprend dans l’analyse de la BdC, c’est qu’elle ne tient pas compte du rôle que peut jouer le taux d’épargne dans l’absorption des hausses de prix, ce qui correspond à un scénario de 0 % et 100 %. Le retard de la réponse à l’inflation a une incidence négative sur l’ensemble de la consommation réelle. Au Canada, le revenu du premier quintile représente 32 % de la consommation totale, ce qui signifie que tous les quintiles de revenu des ménages n’ont pas la même sensibilité à l’inflation.  

Nous préférons partir du principe que les ménages pourraient bien répartir la facture tarifaire entre épargne et consommation, afin d’éviter de surestimer l’impact sur la demande intérieure. Après tout, l’inflation vient tout juste d’augmenter fortement sans déclencher une récession tirée par la consommation. Le scénario de récession de la Banque repose donc largement sur l’incertitude.

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