Gillian Davison, analyste principale, Changement climatique

On pourrait comparer l’empreinte carbone d’un portefeuille d’investissement à la moyenne d’un groupe d’élèves. Bien qu’elle puisse donner une idée générale de la classe, on y retrouve, en regardant de plus près, des détails sur les élèves les plus remarquables ou sur ceux qui présentent un potentiel dans des domaines précis. Pour illustrer la façon dont un tel examen permet d’aller au-delà d’une mesure d’ensemble, jetons un coup d’œil à notre Fonds commun Addenda de transition climatique — actions internationales.

L’analyse d’une empreinte carbone procure aux investisseurs une vue de l’exposition relative des portefeuilles, des secteurs et des émetteurs individuels aux risques de transition liés au climat. En d’autres termes, il illustre les coûts potentiels pour la société associés au passage à une économie à faibles émissions de carbone. Il présente également la contribution relative qu’un portefeuille et ses composantes apportent aux émissions mondiales de carbone. 

Des sociétés qui prennent des mesures

Dans le cadre de notre engagement à l’égard d’un avenir carboneutre, nous avons créé en 2021 des fonds de transition climatique. Ceux-ci visent à soutenir les entreprises qui prennent des mesures nécessaires afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et de soutenir les trajectoires vers la carboneutralité dans leurs secteurs et dans l’économie. Disponibles en actions canadiennes ou internationales, ils comportent des critères d’admissibilité et prévoient des activités d’engagement avec les entreprises pour encourager leurs efforts visant à permettre de véritables réductions d’émissions.

Au 31 décembre 2023, l’empreinte carbone du Fonds commun Addenda de transition climatique — actions internationales était près de la moitié de celle de l’indice MSCI EAEO. L’intensité carbone moyenne pondérée du Fonds (tonnes CO2 éq./M$ US de revenus) se chiffrait à 56,9, contre 98,0 pour l’indice.

Plonger dans les données

Cependant, un examen plus approfondi révèle que l’empreinte carbone du Fonds est en grande partie attribuable à deux sociétés japonaises du secteur industriel, Nippon Sanso et Air Water. Il se trouve que le rôle potentiel que les entreprises gazières industrielles peuvent jouer dans la transition énergétique en est un qui retient de plus en plus l’attention, en particulier en raison de la production d’hydrogène. En d’autres termes, l’empreinte carbone du portefeuille pourrait un jour être encore plus faible.

À l’heure actuelle, le secteur industriel représente 25 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2eq). À première vue, on pourrait se demander pourquoi ces entreprises à forte intensité de carbone sont sélectionnées pour être incluses dans un fonds dont l’objectif est de réduire les émissions. Cependant, les entreprises que nous choisissons pour nos Fonds de transition climatique doivent faire preuve d’engagement envers les objectifs de réduction.

Voici les engagements pris par les deux sociétés japonaises mentionnées précédemment :

Nippon Sanso

  • La stratégie « monde carboneutre » de Nippon Sanso décrit son engagement à réduire l’empreinte carbone de l’industrie du gaz industriel. Sa stratégie comprend des objectifs de réduction de son empreinte carbone opérationnelle (portées 1 et 2) et l’intention d’aider ses clients à réduire leurs émissions grâce à ses produits (portée 3).
     
  • La société s’est engagée à allouer 38 000 millions de yens (plus de 330 millions de dollars canadiens) sur quatre ans à des investissements stratégiques, y compris la carboneutralité. Cela prévoit notamment l’expansion dans des marchés tels que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone et les carburants verts, comme les biocarburants et l’hydrogène vert (celui-ci est produit par électrolyse de l’eau, en utilisant des énergies renouvelables comme l’hydroélectricité, l’énergie solaire et éolienne, etc.)
     
  • À la fin de l’année 2023, Nippon Sanso avait réussi à réduire ses émissions de portée 1 et 2 de plus de 12 % par rapport à l’année de référence 2019, et en 2023 seulement a permis à ses clients d’éviter plus de 7,3 millions de tonnes d’émissions de CO2 (Source : Rapport intégré 2023)

Air Water

  • Air Water aspire à atteindre la carboneutralité dans ses opérations commerciales (portée 1 et 2) d’ici 2050, tout en s’engageant à décarboner l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement. Grâce à sa « Vision environnementale », Air Water définit ainsi son objectif de soutien à la transition vers une société décarbonée dans laquelle l’humanité et la nature peuvent coexister. Grâce à l’innovation dans les technologies d’énergie verte, l’entreprise vise à créer des occasions pour l’expansion des marchés à faible émission de carbone et dont le bilan des émissions est neutre.
     
  • Air Water s’est engagée à créer des produits et des services contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la société, y compris les biocarburants. En 2022, la compagnie a démarré la première usine japonaise de production de bio-GNL (gaz naturel liquéfié). Grâce à l’expansion des biocarburants, la compagnie contribue au développement de carburants marins à faible émission de carbone afin de soutenir la décarbonation du transport maritime.

Le potentiel de l’hydrogène et des biocarburants

Les gaz industriels sont utilisés à des fins diverses dans tous les secteurs, y compris l’énergie, l’exploitation minière, la construction, la production d’aliments et de boissons, les soins de santé, etc. Puisque ces gaz jouent un rôle de soutien au fonctionnement de la société, la décarbonation à long terme du secteur est essentielle aux efforts mondiaux visant à atténuer les pires impacts du changement climatique.

  • Les gaz industriels sont les matériaux gazeux qui sont produits pour être utilisés dans le secteur industriel (azote, oxygène, dioxyde de carbone, hydrogène, etc.).
     
  • L’hydrogène a été identifié comme ayant un énorme potentiel pour aider à réduire la dépendance aux combustibles fossiles. Il est léger, dense en énergie, facile à stocker et ne produit aucune émission directe de gaz à effet de serre.
     
  • L'hydrogène figure dans les scénarios de l'Union européenne pour parvenir à la carboneutralité d'ici 2050.
     
  • Les biocarburants sont des alternatives renouvelables aux combustibles fossiles qui ont le potentiel d’aider à réduire les émissions, en particulier dans le secteur des transports, en fonction de la matière première utilisée dans sa production.
     
  • Dans le scénario de carboneutralité de l’Agence internationale de l’énergie, les biocarburants représentent 8% des carburants de transport et 10 % des carburants d’aviation d’ici 2030, par rapport à un niveau presque nul en 2022 (pour lire le rapport de l’AIE, en anglais seulement).

En conclusion, l’analyse de l’empreinte carbone d’un portefeuille n’est pas toujours facile. De plus, les émissions de carbone ne sont pas le seul indicateur que les investisseurs doivent évaluer vis-à-vis la capacité d’une entreprise ou d’un portefeuille à contribuer à la transition. Nous continuerons de surveiller le secteur industriel et ses sous-secteurs tout en soutenant les entreprises qui prennent des mesures spécifiques pour aider à réduire leurs propres émissions et celles tout au long de leurs chaînes de valeur. Le parcours vers la carboneutralité est sinueux, mais nous reconnaissons que notre rôle en tant que gestionnaire d’actifs est crucial.

Contenus connexes

Solutions durables et d'impact : stratégies de transition climatique
Gardiens d'un avenir durable : notre rôle dans la transition climatique
Décrypter les effets de l’intelligence artificielle sur l’investissement

La quête constante de
valeur ajoutée
addendacapital.com
© Addenda Capital inc., 2024. Tous droits réservés. Toute reproduction de ce document est interdite sans autorisation préalable.